Pourquoi, les héros des BD sont souvent des hommes ? Cette fois-ci, notre équipe, surtout composée de filles, a voulu inverser la balance et décrypter les émotions de ces femmes fortes qui occupent souvent le second rôle dans l’histoire (sauf exception). Des héroïnes de BD d’heroic Fantasy aux héroïnes du quotidien, elles n’ont pas fini de nous faire rire, de nous attendrir, mais aussi de nous surprendre. Voyez plutôt…
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✯Les plus sulfureuses✯
Hyperféminisées, hypersexualisées, magiciennes, fortes, sexy
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WAHA, la sauvageonne
Sur l’air d’ »Etoile des neiges » :
Étoile des vierges, Mon sang valeureux, S’est pris au piège, De tes poils soyeux
(Lanfeust de Troy)
Pour la p’tite histoire : Dans les albums d’heroic fantasy d’Arleston et Mourier, « Troll de Troyes », dérivé de la BD « Lanfeust des étoiles », Waha est une humaine très caractérielle et très attachante recueillie dès son plus jeune âge par une famille de trolls. Adultes, elle se prend pour une vraie petite trollette, malgré la différence physique qu’il existe entre elle et ses congénères qui la traitent souvent de « peau de glabre ».
Son histoire d’amour : naive. Waha et Pröfi – mi humain-mi troll – sont amoureux l’un de l’autre, ça crève les yeux. Pourtant, ils se comportent comme deux adolescents qui n’osent pas réellement se dire les choses en face. Encore au stade à jouer au docteur, ils se cherchent encore comme deux ado un peu naïfs et innocents, et ça a le don de nous fait rire aux éclats et de nous rappeler nos premiers rendez-vous galants.
♥ Ici, vous pourrez observer « Le Baiser » de Klimt, revu par Waha et Pröfi ♥
JILL, la psychopathe
Jill :
Bon dieu, je n’y comprends plus rien du tout ! Je me souviens comme si c’était il y a un an… 1992… Je refuse de me battre contre la coalition sino-soviétique… Je déserte… Je suis repris, jugé, et un an plus tard, balancé dans l’espace, dans un frigo volant en compagnie d’un robot adjudant paranoïaque… Et aujourd’hui, je me réveille trente ans plus tard, station Alésia, une jambe en moins, pissant tout mon sang, en compagnie d’un homme à poil à tête de rapace qui connaît toute ma vie et se prétend pour Dieu…
(La Trilogie Nikopol)
Pour la p’tite histoire : Jill Bioskop est l’égérie de la BD d’Enki Bilal. Dans son album de Science-fiction « La Femme Piège ». Cette protagoniste aux cheveux bleus est une reporter du futur un peu paumée qui ne reconnaît plus la vie réelle de l’artefact. Elle sort indéniablement des clichés habituels.
Son histoire d’amour : passionnée. Noyée dans les drogues et sans notions du temps, elle attire les hommes dans son lit pour ensuite les tuer. Elle finit pourtant par trouver l’homme qui la fera vibrer, Nikopol un homme à la double personnalité : mi-humain, mi-dieu égyptien à la tête d’aigle (Horus). Cette histoire d’amour passionnée et destructrice à la fois – partagée ente obsessions, colère, drogue, hallucinations, sexe et artefacts – nous fait tout simplement frémir d’horreur. Si la désillusion est là, on s’aperçoit pourtant l’amour est le dernier soupçon d’humanité de la planète.
Le film de la BD « Immortel, ad vitam », réalisé par Enki Bilal, est d’ailleurs sorti sur grand écran en 2004, voyez plutôt :
AARICIA, la femme au foyer sexy
Aaricia :
Mon mari m’a quittée. C’était un homme simple, fort et bon qui aimait et défendait bravement sa femme et ses enfants. Ce qui malheureusement, ne l’a pas empêché de les abandonner un jour pour s’en aller courir l’aventure dans les contrées nouvelles.
(Thorgal)
Pour la p’tite histoire : Aaricia est la femme du héros et viking Thorgal dans les différents albums de BD d’heroic fantasy de Van Hamme et Rosinsky. Blondinette aux yeux bleus, douce comme une agnelette mais d’une volonté de fer, c’est elle qui s’occupe principalement des enfants, de ménage et de la bouffe. Elle renvoie au rôle traditionnel de la femme au foyer et de l’épouse idéale – un brun sexiste, me dites-vous ?
Son histoire d’amour : chaotique. Courageuse, elle se marie à Thorgal contre l’avis de son père. Malgré cet amour interdit, ils vont se retrouver et s’aimer passionnément. Ils auront deux enfants ensemble : Louve et Jolan. Malheureusement, la vie ne leur épargne pas les nombreux obstacles qui se mettent en travers de leur chemin. Aaricia va pourtant rester fidèle à son amour, malgré les frasques adultères de celui-ci. Car on a beau dire, ce n’est pas toujours simple d’être l’épouse d’un héros… Les thèmes de l’abandon et de l’amour y sont abordés avec un tragique un peu shakespearien et nous font verser une petite larme attendrissante.
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❀Les plus touchantes ❀
Girly, indépendantes, féministes, drôles, naturelles, sensibles
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JOSEPHINE, la plus girly du monde de la BD
Joséphine (prend rendez-vous au téléphone avec sa gynéco) :
J’aurais besoin d’un RDV parce que (hihihi) je voudrais reprendre la pilule… OUI, j’ai repris une activité sexuelle, figurez-vous ! ! Non mais de quoi j’me mêle ?!!
(Joséphine)
Pour la p’tite histoire : Crée par la bloggeuse et illustratrice Pénélope Bagieu, Joséphine est une jeune fille comme vous et moi, parfaite dans ses imperfections : la trentaine et célibataire, elle accumule les histoires cocasses de la vie quotidienne. Et qu’elle soit en compagnie de son chat, de ses copines ou de ses collègues, elle nous fait bien rire !
Son histoire d’amour : drôle. Elle n’a pas encore trouvé le crapaud qui se transformera en prince charmant. Un peu girly et constamment au régime – un peu du style Carrie dans « Sex and the city, quoique… une génération plus jeune – elle parle des hommes et de sexualité assez crûment et sans complexe. Jeune femme des temps modernes, elle accumule histoires sans lendemain et déceptions sentimentales. Oui, parce que Joséphine, elle a beau avoir l’air sûre d’elle et être une femme accomplie, elle possède un cœur gros comme ça, ce qui fait que toute femme peut s’identifier à elle.
D’ailleurs, un film qui s’inspire de la BD, avec la fille de Josiane Balasko, vient tout juste de sortir (à regarder… sans modération !) :
RAYMONDE ou l’amour vache
Raymonde (rêve) :
Je me disais : Quand je serai grande, je serai enlevée par un prince, beau et riche, intelligent et charmant, sur un splendide cheval blanc. Il me présentera à ses parents, le roi, la reine et tout le royaume en (…)
Robert (à sa femme) :
Si tu me cherches, je suis au cabinet !
(Les Bidochon)
Pour la p’tite histoire : Les Bidochons, c’est l’histoire d’un petit couple marié, créé par Binet et dont les premières histoires apparaissent à la fin des années 70 dans un numéro du magazine Fluide Glacial. Humour noir et blagues grinçantes sont de mise dans cette BD qui caricature Mr et Mme Toutlemonde.
Son histoire d’amour : désillusionnée. Raymonde et Robert sont mariés depuis 20 ans, pour le meilleur et surtout… pour le pire ! Des cernes sous les yeux, Raymonde est la parfaite petite ménagère, éreintée par la vie. Ses nombreux essais infructueux pour rallumer la flamme avec Robert – flamme qui semble éteinte depuis un bon bout de temps – nous font sourire, malgré la terrible vérité qui se cache derrière cet humour noir. Robert est devenu un pantouflard paresseux et geignard qui ne fait plus du tout attention à sa femme, plus très coquette ni attirante. Ce petit couple cocasse n’est pas de la dernière jeunesse et a fait rire des générations entières.
AYA, l’indépendante
Une amie d’Aya :
Ah les filles ! Il ne suffit pas d’être belle, hein ? Il faut de la cervelle, aussi !
(Aya de Yopougon)
Pour la p’tite histoire : Aya est une jeune Ivoirienne quir rêve de devenir médecin. Très ambitieuse et motivée, la jeune fille de 19 ans évolue dans l’univers très coloré d’une Afrique où le quotidien est partagé entre légerté et douceur de vivre, tout en abordant des thèmes brûlants de l’actualité tels que la polygamie, l’analphabétisme, la société patriarcale… tout cela avec humour ! Le premier Tome Aya de Yopougon a remporté le prix du Premier album au festival de la BD à Angoulême et est l’œuvre de la collaboration entre le dessinateur Clément Oubrerie et la scénariste Marguerite Abouet.
Son histoire d’amour : en attente. Carriériste, Aya ne pense pas au mariage, au plus grand regret de sa famille qui aimerait la caser. Elle préfère poursuivre ses études, alors que ses copines s’amusent avec les garçons lors des nombreuses soirées. Aya est un peu la bonne conscience de l’histoire, un peu donneuse de leçons et très ambitieuse. Quand elle voit certaines de ses copines qui ont eu « un bébé toutes seules » et n’ont aucune éducation, elle choisit de prendre un autre chemin. Elle va donc privilégier sa carrière à l’amour – en sachant que ces deux éléments font très mauvais ménage !
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Dessins : @Annette